Après les économistes, c’est au tour du Keidanren, le syndicat patronal japonais, d’avancer ses éléments de langages.
Dans son document directeur (基本方針), le syndicat annonce vouloir continuer les augmentations dans le même sens qu’en 2023. Il met également en avant la responsabilité sociale de ses membres et que chaque entreprise devrait continuer à augmenter le salaire de base (pas uniquement proposer des primes). L’objectif d’augmentation annoncée est de 4% pour les grandes entreprises (contre 5% souhaités par les syndicats de travailleurs).
Pour les PME, le Keidanren les incite à refléter la hausse de leurs coûts (matières premières ou énergie tout autant que salaires) à leurs clients. Il demande dans le même temps aux grosses entreprises, souvent clientes de ces PME (B2B) de ne pas presser leurs fournisseurs comme des citrons et de leur permettre de fixer des prix qui correspondent à leurs coûts, invoquant les recommandations de l’autorité de la concurrence ce faisant.
Cependant, la Chambre de commerce du Japon, suite à une enquête auprès de ses membres en octobre dernier, rapportait que 26,7% des PME interrogées ne pouvaient pas refléter la hausse de leurs coûts a leurs clients. Seules 34,7% d’entre elles étaient capable de transmettre plus de 40% de leurs augmentations de coûts.
Le Keidanren met aussi un coup de projecteur sur les travailleurs précaires (36% de tous les travailleurs), demandant fortement d’augmenter leurs salaires et de faciliter leur passage en CDI. Ce dernier point fait notamment référence au fait que la loi dispose depuis 2013 que tout employé précaire ayant 5 ans d’ancienneté dans l’entreprise passe en CDI. Sauf que depuis 2018, qui aurait du être la première vague de conversion, nombreuses sont les entreprises et institutions qui licencient leurs employé.e.s précaires, quelques mois avant l’échéances pour ne pas avoir à appliquer cet aspect de la loi, augmentant la précarité de ces salariés.
Enfin, les salaires de démarrages (pour les jeunes diplômés ou les nouveaux embauchés), ont aussi eu leur petit moment de gloire. Sans doute pour pérenniser les annonces faites en grande pompe par certaines entreprises, notamment dans l’IT, fin 2022 et en 2023, de sérieusement réévaluer leurs salaires d’entrée et d’aligner leurs salaires minimum à ceux-ci.
Ohashi Tetsuji, qui animait la conférence de presse du Keidanren en sa qualité de vice-président de l’organisation, conclut notamment que “sans augmentation régulière des salaires, l’économie japonaise ne s’améliorera pas.”